
Digital Labor : alors ? C’est qui le patron ?!
15/12/2015 Bernard NicosiaLe Digital Labor vous connaissez ? C'est le boulot que vous faites - le plus souvent gratuitement - tous les jours...
Je veux lire la suiteEt si vous étiez payés tous les mois par Facebook ? Non, ce n’est pas une invitation, mais plutôt un scénario tout à fait envisageable de ce que nous pourrions tous devenir : des « ouvriers » du digital.
A l’image d’une ruche dans laquelle nous serions un essaim de « contributeurs numériques », le Digital Labor représente une forme de travail invisible que nous produisons à chaque fois que nous générons des traces digitales.
Le Digital Labor est un terme qui désigne ce « travail » silencieux que nous effectuons, tous les jours sans le savoir. Lorsque nous utilisons par exemple la messagerie gratuite de Google, nous générons innocemment un certain nombre de précieuses informations, sur nos habitudes de vie, notre localisation, nos relations… La mise à disposition de ces informations constitue en soi une production. Nous produisons ainsi de la donnée qui, une fois agrégée et exploitée, représente une valeur qui sera exploitée par les fournisseurs du service.
Lorsque nous utilisons une application mobile, un site internet, un réseau social, nous devenons des « utilisateurs consommateurs », mais également des « utilisateurs producteurs ». Utilisateur d’un service souvent gratuit, mais producteur d’une donnée généralement valorisable. Le terme anglo-saxon « prosumer » (contraction de Producer and Consumer) définit d’ailleurs parfaitement ce statut ambigu.
Le Digital Labor est souvent basé sur une action collaborative, collective.
Ainsi, vous avez surement déjà utilisé ce Captcha, lorsque vous remplissez un formulaire qui permet de déterminer que vous êtes bien un humain et pas un vulgaire robot.
Et bien ce Captcha est un service gracieusement mis à disposition par Google. En l’utilisant, vous améliorez sans le savoir, la performance des algorithmes de reconnaissance de caractères de Google. En effet, les images affichées dans la fenêtre du captcha sont généralement extraites de captures provenant de Google Maps ou de scan de Google Books.
Le Digital Labor représente bien une transaction marchande non monétisée, dans laquelle vous n’avez pas conscience de votre contribution bénévole.
Lorsque dans votre voiture, vous utilisez l’application GPS de « navigation sociale » Waze, là aussi c’est du Digital Labor. Vous participez tout d’abord à la production d’informations routières, en signalant un embouteillage, un animal errant,… oui, c’est clair, vous aimez contribuez. Mais quelle précieuse information que de savoir vous localiser parfaitement et faire en sorte qu’un annonceur puisse vous proposer ses services. Qui plus est, un annonceur qui connaitrait presque tout de vos habitudes de trajets, d’achat sur Internet,…bref le rêve en terme marketing.
Il ne faut toutefois pas confondre le Digital Labor avec un certain nombre de places de marché où des micro tâches d’une apparence similaire, sont toutefois rémunérées. Il s’agit par exemple des plateformes de crowdsourcing, où les participants prennent part volontairement à une production commune, moyennant une rémunération souvent peu significative. C’est le cas par exemple de la plateforme d’Amazon « Mechanical Turk » qui permet de faire se rencontrer des entreprises prêtes à rémunérer des tâches pouvant être fragmentées, et des Mechanical Turk Worker qui viennent participer à la réalisation de ces bouts de tâches.
C’est aussi le cas lorsque vous apportez votre pierre à l’édifice Wikipedia, en participant à l’écriture d’un article sur un sujet que vous maîtrisez. Cette contribution n’est pas rémunérée, mais en principe, il ne s’agit pas là de Digital Labor car votre action de contribution est délibérée et l’intention de la plateforme n’est pas de tirer profit de votre contribution.
Toutefois, c’est là où le Digital Labor prend sa forme la plus sournoise, lorsque par exemple un site tel que Google reprend en premier résultat d’une recherche, une définition Wikipedia. Ce « détournement » d’un contenu libre peut dans ce cas être assimilé à du Digital Labor. Ce type d’exploitation des commons d’internet ne doit toutefois pas décourager la contribution sur ces plateformes, quitte à ce qu’un jour ce Digital Labor soit potentiellement rémunéré.
Nous savons qu’aujourd’hui Facebook utilise chacun de nos clics (Like, Partage,…) pour monétiser nos comportements, nos habitudes de vie. Les appels aux clics des publicités côtoyant les posts de vos amis en sont la parfaite illustration. Finalement c’est un subtil mélange des genres où plaisir et travail se côtoient, et que les sociologues définissent sous les termes deWeisure (Work and Leisure) ou Playbor (Play and Labor).
Nous serions alors possiblement en droit de réclamer une rémunération, aussi minime soit elle, à notre participation dans cet immense réservoir de données, largement exploitée par de nébuleux databroker, dont le métier consiste à « dealer » ces informations ?
C’est en tout cas la piste explorée par des réseaux alternatifs qui se revendiquent défenseurs de vos droits, et de votre porte monnaie. On retrouve ainsi un acteur frontalement concurrent de Facebook, le texan Tsū. Son CEO, Sebastian Sobczak promet de reverser 90% des revenus dégagés par le réseau à ses contributeurs. Les règles sont assez simple : plus vous contribuez et plus vous êtes suivi, plus vous touchez.
On comprend alors aisément pourquoi Facebook a récemment décidé de bloquer tout post diffusant un lien vers la plateforme Tsū. Une sombre histoire de non respect des règles de publication sur le réseau…mais on peut imaginer que l’histoire ne va pas s’arrêter là.
Pour finir, nous pourrions nous rappeler qu’il existe toujours un modèle plus traditionnel qui consiste à acheter ou louer une application, voire à payer un service. Ce modèle est encore aujourd’hui défendu par certains acteurs se refusant officiellement à tirer profit des données qu’ils pourraient collecter de l’usage que vous feriez de ces applications. C’est ainsi que Microsoft se livre depuis plusieurs années à une farouche bataille contre des acteurs tels que Google, notamment sur le marché des applications et des services comme la messagerie d’entreprise.
Avec l’offre MS Office 365 (O365), Microsoft est en train de regagner sérieusement du terrain face à Google sur le thème notamment de l’interopérabilité des outils bureautiques. Mais aussi, et c’est finalement une des prises de conscience du Digital Labor, sur le thème de la protection des données privées ou d’entreprise.
On n’oublie donc pas une règle fondamentale du Web : « Si c’est gratuit, c’est toi le produit !«
A lire pour aller plus loin : Qu’est-ce que le Digital Labor par Antonio Casilli et Dominique Cardon
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